épeurer

épeurer

épeurer [ epɶre ] v. tr. <conjug. : 1>
espaörirXIIe; repris 1844; de é- et peur
Vx ou littér. apeurer.

épeurer
v. tr. (Québec) Apeurer. épeurer les oiseaux en faisant du bruit.

⇒ÉPEURER, verbe trans.
A.— Emploi trans. Faire peur à. — Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure! (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 77). Son immobilité m'épeurait (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 253).
B.— Emploi pronom. à valeur subjective. Prendre peur :
... le voyage aussi dans cet œil n'est qu'un leurre,
Car derrière l'iris au cristal aplani
L'amour naïf, qui plonge au fond, soudain s'épeure,
Se heurte et se fait mal à la froideur du cœur,
Dont le néant si proche est une vasque étroite.
RODENBACH, Le Règne du silence, 1891, p. 51.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. adj. épeurant, ante. Qui fait peur. Lui aussi [un monde désorbité], sans chaleur et sans éclat, défaillait à l'histoire et s'en allait, décroissant, décadent, à un effacement plein d'ombre épeurante (PÉLADAN, op. cit., p. 332). b) Le dér. épeurement, subst. masc. Le fait d'être épeuré, effrayé. Ma pièce, ainsi qu'elle est faite et avec l'épeurement produit par la presse dans la gent bourgeoise, ne peut vivre que par la curiosité sympathique du Paris lettré (GONCOURT, Journal, 1888, p. 885).
Prononc. :[], (j')épeure []. Étymol. et Hist. 1216 espëurer (G. LE CLERC, Fergus, 119, 6 ds T.-L.) — 1611, COTGR., a survécu dans les dial. (FEW t. 8, p. 88b) et a été empl. à nouv. au XIXe s. 1844 (SAND, Jeanne, p. 169). Dér. de peur; préf. é-; dés. -er; cf. ca 980 soi espaurir (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 398). Fréq. abs. littér. :8.

épeurer [epœʀe] v. tr.
ÉTYM. XIIe, espaörir, repris 1844; de é-, et peur.
Vx ou littér. Faire peur à. Effrayer; apeurer, effaroucher.
REM. Fréquemment employé au XVIe s., épeurer disparaît aux siècles classiques, et il reste absent des dictionnaires du XIXe s., quoique les écrivains l'aient alors remis en usage.
1 (…) je n'aurais jamais cru qu'un grand gars comme toi, qui est dans ses dix-sept ans, et qui ne tardera pas à avoir de la barbe au menton, fût si aisé à épeurer, et je suis contente de te voir comme cela.
G. Sand, la Petite Fadette, XIII, p. 96.
2 Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure !
Rimbaud, Poésies, « Au Cabaret-Vert ».
Au participe passé :
3 La passivité épeurée du bonhomme l'excitant, il en était venu à ne plus voir en lui qu'une loque bureaucratique (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 2e tableau, 1.
Au pronominal :
4 L'heure où l'amour s'épeure au fond du nid, où s'élabore en secret l'aconit (…)
Germain Nouveau, Premiers Poèmes, « En forêt », 1873, Pl., p. 365.
DÉR. Épeurant, épeurement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • peur — [ pɶr ] n. f. • 1290; pavor Xe; lat. pavor, oris 1 ♦ LA PEUR. (Sens fort) Phénomène psychologique à caractère affectif marqué, qui accompagne la prise de conscience d un danger réel ou imaginé, d une menace. ⇒ affolement, alarme, 1. alerte,… …   Encyclopédie Universelle

  • apeurer — [ apɶre ] v. tr. <conjug. : 1> • 1854; apo(e)rir, en a. fr. (h. XIIIe); de peur ♦ Littér. Effrayer. « Quand il les aurait bien apeurés » (Sand). pass. « apeuré déjà par ce soupçon qui pesait sur lui » (Maupassant). ● apeurer verbe transitif …   Encyclopédie Universelle

  • effrayer — [ efreje ] v. tr. <conjug. : 8> • esfreer 1080; lat. pop. °exfridare « faire sortir de la paix », frq. °fridu 1 ♦ Frapper de frayeur, d effroi. ⇒ affoler, alarmer, angoisser, apeurer, effarer, effaroucher, épeurer, épouvanter, intimider,… …   Encyclopédie Universelle

  • gars — [ ga ] n. m. • XIIe; a. cas sujet de garçon ♦ Fam. Garçon, jeune homme, et par ext. Homme. Un petit gars. C est un drôle de gars. ⇒ mec, type. Un brave, un bon gars. Un beau gars. Des gars du milieu. Les gars de la marine. Vieilli ou région. Le… …   Encyclopédie Universelle

  • épeurant — épeurant, ante adj. (Québec) Qui inspire la peur. Un film épeurant. épeurant, ante [epœʀɑ̃, ɑ̃t] adj. ÉTYM. 1884, Péladan; p. prés. de épeurer. ❖ ♦ Littér. et rare. Qui épeure …   Encyclopédie Universelle

  • épeuré — ⇒ÉPEURÉ, ÉE, part. passé et adj. I. Part. passé de épeurer. II. Emploi adj. 1. [En parlant d un être vivant] Effrayé, saisi de peur : • 1. Parfois une petite vieille passait devant la fenêtre de Dorothée, menue, trottinante, glissant sans bruit… …   Encyclopédie Universelle

  • épeurement — [epœʀmɑ̃] n. m. ÉTYM. 1888, Goncourt; de épeurer. ❖ ♦ Littér. et rare. Le fait d être épeuré …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”